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La voie du Ciel à Garabandal
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1 septembre 2018

L'orgueil

 

 

1. Sa nature et sa gravité

L'orgueil est le chef tyrannique des principaux vices, c'est-à-dire de ces vices d'où en découlent une multitude d'autres. Parmi les péchés capitaux, l'orgueil est le plus capital, ou si l'on veut, le plus fondamental. Les Pères de l'Église voient dans l'orgueil l'origine de tout péché, la racine de tout mal, "la mère nourricière et la reine de tous les vices" (Saint Grégoire le Grand).

Saint Thomas d'Aquin définit l'orgueil comme une estime exagérée de soi-même, qui s'accompagne de mépris pour les autres. Dans la mesure où l'on s'élève au-dessus d'un autre, on tend à l'abaisser, du moins dans l'opinion qu'on en a. Le mouvement propre à l'orgueil a quelque chose d'insensé, car il est insatiable dans sa recherche de grandeur : il ne lui suffit pas de s'élever au-dessus des autres et de les mépriser, il cherche à s'élever au-dessus de Dieu lui-même, à mépriser Dieu.

L'orgueil est en réalité le péché propre de Lucifer qui, n'acceptant pas sa condition de créature, a voulu se faire l'égal de Dieu. Tombant dans la folie de l'orgueil, Lucifer a déclaré la guerre à Dieu. C'est dans cette folie de Lucifer que se trouve l'origine première de toutes les guerres, de toutes les révoltes, de toutes les haines, de tous les désordres.

C'est pourquoi, comme le dit saint Jean Chrysostome, "l'orgueil est la plus grave de toutes les maladies spirituelles et la plus nuisible" (Commentaire sur saint Jean, 26.4). S'il n'y a pas de maladie spirituelle plus grave que l'orgueil, il ne fait pas de doute, comme l'a remarqué sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, après les Pères, qu'aucun autre péché n'est plus grave et plus détestable aux yeux de Dieu. Comme rien ne compromet autant la santé spirituelle et le bonheur éternel de l'homme que l'orgueil, une thérapie spirituelle intensive, fondée à la fois sur la lumière de la foi et celle de la raison, s'avère absolument nécessaire pour en guérir.

2. L'origine de l'orgueil en ce monde

La Bible nous apprend que Satan, jaloux du bonheur de nos premiers parents, s'est approché d'eux dans le paradis terrestre, dans le but hypocrite de les détourner de Dieu, en faisant miroiter à leurs yeux la possibilité de devenir comme Dieu, s'ils consentaient à manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. En les trompant, il réussit à les entraîner dans sa révolte orgueilleuse. C'est ainsi par l'orgueil que la désobéissance à Dieu est entrée dans le monde, et avec elle tous les désordres et tous les maux. Parce que le péché comporte toujours une opposition volontaire à la volonté de Dieu, une préférence de sa volonté propre à celle de Dieu, un acte d'orgueil est présent en tout péché.

3. La maladie de l'orgueil dans l'âme, ses profondes racines

Il faut distinguer entre l'orgueil qui se manifeste dans les actes extérieurs, devenant donc visible dans le comportement, et l'orgueil foncier, invisible, qui fait partie pour ainsi dire de nous-mêmes, parce qu'il nous habite plus ou moins.

Dans la mesure que nous ne reconnaissons pas spontanément la vérité au sujet de nous-mêmes, au sujet de nos défauts, de nos erreurs, de nos torts, dans la mesure où nous essayons de projeter de nous-mêmes une belle image, qui ne correspond pas à la réalité, et cela souvent au détriment des autres, nos âmes sont malades de la terrible maladie de l'orgueil.

C'est seulement dans la lumière de Dieu, et dans celle de son Fils bien-aimé Jésus, qu'il est possible de reconnaître la vérité au sujet de nous-mêmes. Qui sommes-nous devant Dieu, et que sommes-nous? Par nous-mêmes, nous ne sommes rien. Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons est don gratuit de la bonté infinie de Dieu. Reconnaître que nous devons absolument tout à Dieu, qui nous a tout donné, et qui nous donne sans cesse tout gratuitement est le fondement de l'humilité. C'est ce que saint Paul rappelait aux Corinthiens: «Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l'avais pas reçu?» L'orgueil s'enracine dans l'ingratitude, qui suppose elle-même une perte de conscience de ce que nous sommes réellement, l'oubli de notre condition de créatures. La reconnaissance, qui s'appuie sur une vive conscience de la gratuité de l'amour infini de Dieu à notre égard, alimente ce qui devrait être en nous la première et la plus constante de toutes nos pensées, le premier et le plus constant de tous nos sentiments : l'adoration. Car l'adoration consiste à reconnaître Dieu pour ce qu'il est : le souverain Seigneur et le maître absolu de toutes choses. L'adoration nous met à notre vraie place devant Dieu, celle d'un être créé par sa bonté infinie à son image et à sa ressemblance, et qui dépend radicalement de lui à chaque instant, et qui ne peut aussi trouver sa perfection qu'en demeurant dans la soumission à sa volonté. L'adoration en esprit et en vérité s'exprime dans une disposition permanente d'obéissance d'amour à l'égard de Dieu. L'orgueil, fondé sur l'ingratitude envers Dieu, au lieu de l'adorer le méprise, c'est-à-dire méprise sa sainte volonté, et jette l'âme dans la désobéissance à son égard.

L'orgueil a causé un mal indicible à nos premiers parents, en les incitant à désobéir à Dieu, à prétendre atteindre le bonheur en s'opposant à sa volonté. Ils ont choisi librement ­ en croyant librement à celui qui est menteur depuis le commencement ­ de ne pas adorer Dieu, de ne pas le reconnaître comme Dieu. Lorsque nous offensons Dieu par le péché, nous choisissons nous aussi librement de ne pas adorer Dieu, de ne pas le reconnaître comme Dieu, de préférer notre volonté à la sienne, en vertu du même type d'orgueil qui a conduit nos premiers parents à se rebeller contre l'ordre voulu de Dieu.

Plus l'habitude de désobéir à Dieu est grande dans une âme, plus profonde y est la maladie de l'orgueil. L'âme orgueilleuse, dans la mesure même de ses désobéissances à Dieu, ne voit plus clair; elle devient incapable de discerner en elle ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est bien et ce qui est mal, parce qu'elle est enveloppée de ténèbres.

4. Les symptômes de la maladie de l'orgeuil

Si la maladie de l'orgueil s'origine dans les relations de l'âme avec Dieu, c'est dans ses rapports avec le prochain que cette maladie se manifeste le plus clairement. En effet, une âme peut être très orgueilleuse et en même temps avoir une certaine piété extérieure. Sans trop s'en rendre compte, elle se comporte vis-a-vis de Dieu comme quelqu'un qui a des droits sur lui; elle trépigne d'impatience si ses prières ne sont pas exaucées comme elle l'entend. Dans l'épreuve elle se décourage. Si l'épreuve devient plus cuisante, plus humiliante, la révolte monte en elle. Inconsciemment sans aucun doute, elle met en question l'amour de Dieu à son égard et même sa justice. "Dieu me rejette. Dieu m'abandonne. Dieu ne m'aime pas. Je n'ai rien fait à Dieu pour qu'il me traite ainsi; il n'est pas juste envers moi", entend-on parfois. Les mêmes âmes qui exhalent ces plaintes amères se livrent souvent à des dévotions de surérogation qui ne servent qu'à leur voiler davantage leur orgueil foncier, tant il est vrai que l'orgueil jette d'épaisses ténèbres dans l'âme.

Dans les rapports avec le prochain il ne peut en être tout à fait ainsi. Car l'orgueil va se manifester par un détestable esprit de domination, de vantardise, d'obstination, de contradiction et d'arrogance.

L'orgueilleux, bien qu'il soit capable de prendre des airs modestes, est convaincu de sa supériorité dans un domaine ou dans l'autre, et il entend bien que cette supériorité soit reconnue. Il est porté à se mettre en valeur, à se vanter, à tirer gloire de son avoir, de son savoir et de son pouvoir. Il recherche l'approbation, les félicitations, les honneurs. Il a aussi, dans sa pensée, toujours ou presque toujours raison ; voilà pourquoi il n'accepte pas facilement une remarque qu'il prendra comme un manque d'égard ou une incompréhension. Il est habituellement si sûr de lui-même qu'il ne lui vient pas à l'idée qu'il puisse ­ en telle ou telle circonstance ­ se tromper gravement. Il s'obstine dans ses idées et son vouloir, dût-il avoir comme adversaires de ses positions des personnes beaucoup plus compétentes et beaucoup plus sages que lui. Il lui est extrêmement difficile de s'incliner devant l'autorité et la vertu des autres, de louer leurs bonnes actions. Il n'aime pas la bonne réputation des autres, cherchant et trouvant toujours quelques motifs pour les critiquer. Dans les relations avec les autres, il impose ses idées, ses façons de faire comme étant les meilleures et devant être adoptées ; il contrôle tout. Et ce contrôle est néfaste, parce qu'il empêche les autres de prendre leurs responsabilités et de s'épanouïr, que ce soit à l'intérieur de la famille ou des milieux de travail. Les enfants, certes, doivent apprendre à obéir, et donc à être humbles. Mais les parents doivent former leurs enfants au sens des responsabilités et ne pas les empêcher de se développer en faisant tout à leur place. L'orgueil, qui ne sait pas faire confiance à un inférieur, éteint en lui tout esprit d'initiative; il agit en ennemi de la liberté et de l'autonomie d'autrui.

Il n'est pas rare qu'en plus d'un détestable esprit de domination et d'entêtement, le signalement extérieur de la maladie de l'orgueil soit un esprit de contradiction qui peut aller jusqu'à être systématique. Il suffit alors que l'un dise blanc pour que l'orgueilleux dise noir. C'est ainsi qu'il affirme sa "supériorité" par des avis qui n'admettent aucune discussion On n'est pas loin alors de la véritable maladie mentale. Parce que l'esprit de contradiction rend les relations humaines très désagréables et quasiment impossibles, on peut comprendre que la personne qui en souffre tende à se réfugier dans un triste isolement.

5. L'orgueil et les maladies mentales

L'orgueil prédispose aux maladies mentales. Les perfectionnistes sont en réalité des personnes très orgueilleuses. Elles pensent que pour avoir l'estime ou l'amour de leur entourage elles doivent être parfaites; elles recherchent donc d'une façon excessive la perfection en toute chose. Cette recherche excessive de la perfection les projette dans un monde irréel, où elles ne considèrent avoir de la valeur que si elles atteignent la première place. Si le succès qu'elles rencontrent n'est pas à la hauteur de leur idéal de perfection, elles sont insatisfaites d'elles-mêmes, elles ne s'aiment pas et ne se sentent pas aimées. La raison en est qu'elles cultivent une image grandiose d'elles-mêmes. Comme l'orgueil les amène constamment à se mesurer à un idéal impossible à atteindre, les échecs inévitables de leurs attentes les entretiennent dans une très forte anxiété, qui débouche insensiblement sur la dépression ou dans certains cas sur la psychose paranoiaque. C'est ainsi que, sans être de soi une maladie mentale, le perfectionnisme, qui s'enracine dans l'orgueil, évolue vers la maladie mentale.

Concernant précisément le lien entre l'orgueil et la paranoia, le Larousse médical nous donne les informations suivantes :

Les paranoiaques se distinguent par quatre caractères fondamentaux : la surestimation de soi, la méfiance, la psychorigidité et l'insociabilité. La surestimation de soi correspond à un orgueil qui va de la suffisance à la mégalomanie. La méfiance, la peur d'ëtre dupe, la susceptibilité, l'excessive sensibilité aux critiques font que le malade se croit mésestimé ou bafoué et qu'il passe son temps à revendiquer. La psychorigidité tient au culte de la logique purement formelle et sans nuances. Le malade aime la justice pour la justice, d'où son goût pour les procès. Ses principes moraux sont également rigides, mais davantage pour autrui que pour lui-même. L'obstination acharnée, le fanatisme et l'autodidactisme sont fréquents. L'insociabilité résulte des traits précédents : des brouilles successives avec l'entourage finissent par isoler le paranoiaque. Il se déclare trop souvent déçu et blessé dans ses relations sociales pour que des incidents parfois graves n'éclatent pas... Enfin, le paranoiaque a souvent une forte agressivité, qu'il attribue à autrui. Cet ensemble psychologique dépend d'un jugement faussé par l'orgueil. Le paranoiaque juge mal, car il tire de faits exacts des conclusions erronées. Il interprète sans cesse et se trouve souvent au bord du délire de persécution ou de revendication vers lequel d'ailleurs l'évolution peut se faire.

On voit immédiatement que le traitement de certaines maladies mentales ne peut pas reposer que sur des remèdes chimiques. Les neuroleptiques peuvent, certes, en freiner les crises et en réduire les effets psychologiques mais demeurent impuissants à en guérir les causes les plus profondes. En autant que l'orgueuil est concerné, la culture de l'humilité chrétienne sera sûrement un facteur important d'un meilleur équilibre mental. On conçoit mal qu'une personne vraiment humble soit en même temps paranoiaque.

6. Les diverses formes de l'orgueil et leurs enfants

L'orgueil s'exprime de bien des manières. Ainsi, la vanité se complaît dans des avantages vrais ou prétendus. La vantardise fait valoir son mérite et ses bonnes actions, et aime à faire ressortir ce qui la flatte. La présomption fait entreprendre avec témérité des choses au-dessus de ses forces et porte à se trop confier dans ses propres moyens. L'opiniâtreté s'attache tellement à son propre sentiment qu'elle ne veut point se rendre à des opinions raisonnables et consciencieuses exprimées par les autres. La hauteur regarde et traite le prochain d'une manière impérieuse, d'un air dédaigneux et avec un ton méprisant. L'ambition aspire à se distinguer des autres, à obtenir des honneurs, des dignités. Le faste aime à se faire remarquer par la richesse et la beauté des vêtements et des ameublements, le luxe des voitures. L'hypocrisie cherche à s'attirer l'estime des hommes, en faisant paraître des vertus qu'on ne possède pas réellement.

En tant que vice capital, l'orgueil donne naissance aux principaux vices qui, eux-mêmes, ont chacun une progéniture exécrable, de sorte qu'en réalité tous les vices y ont leur source commune. Selon saint Grégoire le Grand, les enfants nés de l'orgueil s'appellent la vaine gloire, la jalousie, la colère, la tristesse, l'avarice, la gloutonnerie, la luxure (S. Grég. Mor., 31,87). Chez d'autres Pères, le lien de filiation des vices par rapport à l'orgueil est un peu différent mais l'orgueil en demeure toujours le facteur commun. Quel que soit l'ordre adopté, il n'est pas difficile de voir le lien évident qu'il y a, par exemple, entre l'orgueil et l'ambition, la présomption, le désespoir, le mensonge, la colère, la rancune, la haine.

L'ambition, qui désire toujours plus de richesses, d'honneurs, de gloire, est animée par l'orgueil, dont l'appétit des grandeurs est insatiable. Le lien de la présomption à l'orgueil est aussi très facile à percevoir. L'orgueilleux présume de qualités et de forces qu'il n'a pas ; aussi s'engage-t-il dans des entreprises qui dépassent ses capacités. Par ailleurs, les échecs et les épreuves conduisent l'orgueilleux au désespoir, parce que, s'appuyant sur lui-même, il se ferme au monde de la grâce. Pour continuer à espérer lorsque tout va mal, est absolument requise l'humilité du coeur. Sans l'humilité, il est impossible d'avoir confiance en Dieu.

Quant au mensonge, l'orgueilleux ne fait pas qu'y recourir pour voiler ses erreurs, pour soigner son image, pour se mettre en valeur, il vit dans le mensonge. L'orgueil lui-même est tout entier mensonge ; c'est une maladie qui empêche l'âme d'être simple et vraie devant Dieu et devant les hommes. La colère sort également du coeur et de la bouche de l'orgueilleux. Car il n'accepte pas l'opposition qui le mettrait en question ; sa supériorité contestée, il est prêt à la défendre avec force. Son orgueil blessé le pousse à de l'agressivité, à de la violence verbale et peut-être même physique. Pour impressionner les autres, l'orgueilleux parle fort et agit brusquement, sans délicatesse. Par sa colère, il fait sentir son importance et impose silence à ses interlocuteurs. L'orgueilleux est aussi rancunier ; il ne pardonne pas les offenses. Car le pardon, qu'il faut accorder aux autres si l'on veut être pardonné, exige l'humilité. La grande raison pour laquelle on se refuse au pardon est et ne peut être que l'orgueil.

L'orgueil est le premier responsable de la haine envers Dieu et de la haine envers les hommes, les prétentions de l'orgueil dressant l'âme contre Dieu et le prochain. L'âme orgueilleuse ne voulant pas se soumettre à Dieu ne peut que s'en détourner, et cette aversion de Dieu s'identifie avec la haine. L'orgueilleux n'aime pas davantage son prochain, car on ne peut aimer son prochain en se préférant à lui et en le méprisant, ne fût-ce qu'intérieure-ment. Toute haine prend donc sa source dans l'orgueil. Pour aimer vraiment Dieu et le prochain, il faut devenir humble. L'humilité est la source de l'amour, en ce qu'elle rend l'âme capable d'aimer. Et plus une âme sera humble, comme on le voit dans la petite Thérèse de l'Enfant-Jésus, plus elle sera capable d'aimer, de sorte qu'il n'existe pas de différence entre les degrés de l'humilité et les degrés de la charité. Saint Benoît parle de douze degrés d'humilité, qui sont autant d'échelons dans l'échelle de la charité parfaite. Saint Ignace de Loyola résume les étapes de l'humilité en trois degrés, le dernier étant cet amour plus grand de Jésus-Christ, qui cherche à l'imiter parfaitement.

7. Les Remèdes à l'Orgueil

L'orgueil qui invertit l'ordre établi par Dieu, qui nous a créés pour l'aimer et le servir et nous mettre entièrement au service de notre prochain, est extrêmement difficile à corriger. Si bien que certains moralistes le considèrent comme ordinairement incorrigible. La raison en est que l'orgueilleux ne veut pas avouer qu'il a tort ; ainsi, toute correction le met en colère. Il ressemble à une personne tourmentée d'un abscès douloureux; on ne saurait toucher son mal du bout d'un doigt sans provoquer des cris de douleur.

Le premier pas à faire pour guérir de l'orgueil sera de prendre conscience de la gravité de cette maladie de l'âme.

Comme nous l'avons dit, c'est la plus grave de toutes les maladies de l'âme : une maladie qui, selon saint Grégoire le Grand "s'érige contre toutes les forces de l'âme, à la façon d'une maladie générale et pestilentielle qui corrompt tout le corps." Tous les Pères de l'Église, ces grands connaisseurs de l'âme humaine, considèrent l'orgueil comme la plus grave et la plus dommageable des maladies spirituelles. L'orgueil, aveuglant l'intelligence, est une maladie qui pervertit le jugement et, par voie de conséquence, cause un agir insensé. C'est une folie, et en réalité c'est l'espèce de folie dont les effets négatifs sur l'équilibre humain sont les plus désastreux. Aussi, la thérapie spirituelle de l'orgueil n'est-elle possible qu'à partir de la prise de conscience du mal terrible qu'il fait à notre âme.

La prise de conscience de l'orgueil qui nous habite tous de diverses manières et à différents degrés, doit nous amener à recourir à Dieu, car laissés à nous-mêmes nous n'en guéririons jamais. La source de l'humilité se trouve en Dieu seul. L'humilité de Dieu s'est incarnée en Jésus-Christ. Parfaite image du Père, le Verbe incarné nous révèle à la fois l'immensité de son amour et la profondeur infinie de son humilité. C'est pourquoi il nous faut demander instamment l'humilité à Jésus, qui peut seul l'apprendre au monde ; il nous en fait nettement l'invitation en nous disant : "Apprenez de moi à être doux et humbles de coeur. (Matt. 11, 29)

À la prière confiante adressée à Jésus pour lui demander son esprit d'humilité, il nous faut joindre la réception fréquente des sacrements de pénitence et d'eucharistie.

Le sacrement de pénitence, par l'aveu personnel de nos fautes au ministre de Jésus-Christ, comporte une humiliation volontaire qui attire puissamment du Coeur de Jésus une grâce d'humilité, qui illumine la conscience et la libère. Le sacrement du pardon, reçu dans le cadre d'une rencontre personnelle avec Jésus, auquel le pénitent ne craint pas de montrer toutes les blessures de son âme peut être dit "le sacrement de l'humilité". En s'humiliant, l'homme pécheur se met à sa place devant Dieu ; il rétablit l'ordre inversé par l'orgueil. D'autre part, la sainte Eucharistie est, parmi tous les sacrements, le sacrement de l'humilité de Dieu. Le propre de l'amour étant de s'abaisser, Dieu ne pouvait s'abaisser davantage que dans le sacrement par excellence de son amour infini. Dans la sainte Eucharistie, Dieu s'anéantit pour ainsi dire pour se donner à nous. C'est à un Dieu qui va jusqu'à l'extrême limite de l'humilité, de la désappropriation de lui-même, que l'âme est appelée à communier dans la sainte Eucharistie.

Pour que la communion de l'homme à l'humilité de Dieu soit vraie, elle suppose en lui une disposition d'humilité, un désaveu très net de tout péché qui l'opposerait à Dieu, et par conséquent la purification éventuelle de l'âme par le recours antérieur au sacrement de pénitence. Seule l'âme qui n'est pas dans un état d'opposition à la volonté de Dieu peut réellement, par la communion, entrer toujours plus profondément dans l'humilité de Dieu et en même temps dans son amour.

Le grand et seul véritable maître de l'humilité étant Jésus-Christ, c'est en se mettant à son école qu'on peut guérir de l'orgueil. Se mettre à l'école de Jésus doux et humble, cela signifie tenir les yeux fixés sur lui et écouter les leçons d'humilité qu'il nous donne depuis sa naissance dans une étable jusqu'à sa mort sur la croix. Un remède efficace à l'orgueil réside dans la contemplation des mystères de la vie de Jésus, surtout du mystère de sa Passion, où le Fils de Dieu a été abreuvé d'humiliations par amour pour nous.

Un autre remède à l'orgueil est de faire usage de paroles de la Sainte Écriture pour les opposer aux impulsions de notre orgueil. Par exemple, l'Écriture sainte affirme à plusieurs endroits que "Dieu résiste aux orgueilleux et donne sa grâce aux humbles". Notre-Seigneur nous dit aussi plus d'une fois : "Quiconque s'élève sera abaissé et quiconque s'abaisse sera élevé". Il dit encore : "Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, pour avoir caché cela (la connaissance des vérités les plus hautes) aux sages et aux savants et pour l'avoir révélé aux tout petits". (Mat. 11, 25) L'Écriture contient d'innombrables exemples de personnes que l'orgueil a perdues : Coré, Datan et Abiron, Saül, Sennachérib, Nabuchodonosor, Holoferne, Aman, Hérode, etc. Par contre, elle nous fournit d'admirables exemples d'humilité : Abel, Noé et les patriarches, Moïse, David, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, le saint homme Job, Marie-Madeleine, saint Pierre, le bon larron et par-dessus tout la Vierge Marie.

Comme l'orgueil est l'origine de tous les vices et de tous les désordres, c'est l'humilité qui est le fondement de la sainteté. Personne n'a jamais pu être dans la vérité et devenir saint sans l'humilité. L'histoire de l'Ancien Testament et surtout l'histoire de l'Église en témoignent. La foi en Jésus-Christ ­ non la foi théorique qu'ont les démons ­ mais la foi pratique qui fait communier à la vie de Jésus-Christ repose sur l'humilité. Il n'est que de faire attention à la vie des apôtres, des martyrs et de tous les saints pour s'en convaincre. La grandeur d'une âme et de son rayonnement est dans son humilité, comme on le voit particulièrement dans les Pères du désert, dans les grands fondateurs d'Ordres et d'instituts religieux et plus près de nous en sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et saint Pio de Pietrelcina. Pour guérir du maudit orgueil, car il mène les âmes à tous les désordres et à leur perte, il faut considérer souvent et admirer la beauté supérieure de la vertu d'humilité qui brille en Notre Seigneur Jésus-Christ et en ses saints.

Dans la lutte personnelle que nous avons à livrer contre les différentes formes d'orgueil, il faut nous appliquer à discerner ce qui, en chacun de nous, peut prêter occasion à l'orgueil. Saint Jean Chrysostome, en maître expérimenté de la vie spirituelle énumère une foule de biens, de fonctions et de situations qui donnent habituellement occasion à l'orgueil. Le travail d'identification de nos faiblesses et de leurs motivations secrètes est indispensable si l'on veut y remédier efficacement. Dans cet effort de discernement que nous avons à faire avec la grâce de Dieu, l'aide d'un guide spirituel nous sera précieuse. Le médecin des âmes est Jésus-Christ seul, mais il se sert habi-tuellement pour les guérir de ministres, dont le rôle est d'aider les âmes à voir clair, à accueillir la lumière et la force de l'Esprit saint et à se tourner résolument vers Dieu, dans un authentique mouvement de conversion.

J.R.B.

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