Année sainte de la Miséricorde
Le Jubilé extraordinaire de la miséricorde s’ouvrira le 8 décembre 2015 jusqu’au 20 novembre 2016 et s’étendra à tous les diocèses du monde, indique la bulle d’indiction de cette Année sainte extraordinaire, signée par le pape François et publiée le 11 avril. Le dimanche 12 avril, 1er dimanche après Pâques, le pape a solennellement remis la bulle Misericordiae vultus (Le visage de la miséricorde), devant la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre, aux quatre cardinaux archiprêtres des basiliques papales Saint-Pierre, Saint-Jean-de-Latran, Saint-Paul-hors-les-murs et Sainte-Marie-Majeure.
La bulle se divise en 25 paragraphes. En première partie est approfondi le thème de la miséricorde à travers l’Evangile, qui « doit être proposé avec un enthousiasme nouveau et à travers une pastorale renouvelée » puisqu’il engage la crédibilité de l’Eglise. Le pape François justifie la date d’ouverture du jubilé, le 8 décembre, en la solennité de l’Immaculée conception de la Vierge Marie, que Dieu a voulu « sainte et immaculée dans l’amour », « pour ne pas laisser l’humanité seule et en proie au mal ». De plus, explique le souverain pontife, « j’ai choisi la date du 8 décembre » car elle correspond au « 50e anniversaire de la conclusion du concile Vatican II », qui a abattu « les murailles qui avaient trop longtemps enfermé l’Eglise comme dans une citadelle » (sic), en l’amenant à « annoncer l’Evangile de façon renouvelée», en recourant, comme le disait Jean XXIII, « au remède de la miséricorde, plutôt qu’aux armes de la rigueur ». La devise du jubilé est : « Miséricordieux comme le Père », tirée de l’Evangile de saint Luc.
Dans un deuxième temps, le pape donne des conseils pratiques pour célébrer le jubilé : le « pèlerinage est un signe particulier de l’Année sainte » : « Pour passer la Porte sainte à Rome, et en tous lieux, chacun devra, selon ses forces, faire un pèlerinage. Ce sera le signe que la miséricorde est un but à atteindre, qui demande engagement et sacrifice. » Il est également demandé de ne pas juger et ne pas condamner mais de pardonner et donner, d’éviter les « commérages » ainsi que saint Luc l’enseigne (cf. Lc 6, 37-38). Le pape recommande aux fidèles « les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles » et la confession durant le carême afin de remettre au centre de nos vies ce sacrement qui « donne à toucher de nos mains la grandeur de la miséricorde ». Le souverain pontife annonce qu’il enverra des prêtres « Missionnaires de la miséricorde » pendant le carême de l’Année sainte, qui auront « autorité pour pardonner aussi les péchés qui sont réservés au Siège apostolique ». Il demande que, dans le même temps, soient organisées des « missions vers le peuple » dans les diocèses, pour que ces missionnaires soient des « annonceurs de la joie et du pardon ».
François rappelle que la justice et la miséricorde « ne sont pas deux aspects contraires l’un à l’autre mais deux dimensions d’une réalité unique ». Cela ne signifie pas que la justice est superflue ou sous-évaluée, indique-t-il : « qui se trompe doit purger sa peine. Pour autant, cela n’est pas la fin, mais le début de la conversion ».
Le terme d’« indulgence » est expliqué puisqu’elle « revêt une importance particulière au cours de cette Année sainte ». Avec le sacrement de réconciliation les péchés sont effacés par le pardon de Dieu, avec l’indulgence le pécheur est libéré de « l’empreinte négative », de « chaque résidu de la conséquence du péché », qui restent dans « nos comportements et dans nos pensées ». [ndlr : une indulgence plénière est la remise totale ou partielle des peines temporelles dues aux péchés déjà pardonnés, selon les dispositions de l’âme].
Puis, le pape lance plusieurs appels. Aux membres de groupes criminels il demande de « changer de vie », leur expliquant que « la violence pour amasser de l’argent qui fait couler le sang ne rend ni puissant, ni immortel. Tôt ou tard, le jugement de Dieu viendra, auquel nul ne pourra échapper. De même s’adresse-t-il « aux personnes coupables ou complices de corruption, plaie putréfiée de la société » en leur rappelant que la corruption est « œuvre des ténèbres, qui s’appuie sur la suspicion et l’intrigue ».
Enfin, dans l’esprit du concile Vatican II, le souverain pontife affirme que le judaïsme et l’islam « considèrent la miséricorde comme un des attributs les plus significatifs de Dieu », appelant à rencontrer « ces religions et les autres nobles traditions religieuses » et à participer au dialogue interreligieux.
En conclusion de la bulle, le pape François se tourne vers Marie, « Mère de la miséricorde », qui, au pied de la croix « atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne ».
Le site internet du Jubilé de la Miséricorde est ouvert dès à présent à l’adresse : iubilaeummisericordiae.va. Le texte de la bulle d’indiction du jubilé y est publié, avec le calendrier officiel des événements prévus. Egalement des photos de la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre qui sera ouverte durant toute l’année jubilaire.
Le pape François a annoncé la convocation d’une Année sainte de la Miséricorde, dès le 13 mars 2015, lors d’une cérémonie pénitentielle organisée par le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation (« 24 heures pour le Seigneur ») en la Basilique vaticane. Le souverain pontife déclara avoir confié l’organisation du Jubilé à ce dicastère, « afin qu’il puisse l’animer comme une nouvelle étape du chemin de l’Eglise dans sa mission d’apporter à chaque personne l’Evangile de la miséricorde ». Mgr Salvatore Fisichella, président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, a détaillé, le 5 mai 2015, les initiatives proposées aux fidèles du monde entier. Pour la première fois dans l’histoire des jubilés, chaque cathédrale ou sanctuaire des diocèses ouvrira sa propre Porte sainte, dite ‘Porte de la miséricorde’.
Le mercredi des Cendres 10 février 2016, le pape François enverra des « Missionnaires de la miséricorde » dans les diocèses du monde entier, chargés de confesser et de pardonner les péchés les plus graves, d’ordinaire réservés au Siège apostolique. Ces missionnaires seront choisis par le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Les critères de sélection ? « Avoir beaucoup de patience, être de bons prédicateurs et confesseurs de miséricorde », a expliqué Mgr Fisichella. Des « évêques émérites », en vertu de leur expérience, pourraient aussi faire partie de ces missionnaires.
(Sources : apic/imedia/vatican – DICI n°316 du 05/06/15